4 ans de vie Nippone : questions-réponses! (partie 1)
- Lucie
- 1 avr. 2019
- 8 min de lecture

1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans...
Jamais je n'aurais pensé compter mes années de vie nippone. Quand j'ai débarqué au Pays du Soleil Levant le 1 mars 2015, j'étais loin d'imaginer que ce pays deviendrait mon deuxième et actuel chez moi. Un an en working holiday visa c'était déjà l'euphorie ; le changement de statut en working visa et la prolongation, un bonus inimaginable. La rencontre avec monsieur K et ma routine nippone aujourd'hui, ma réalité inattendue. Maintenant je suis là, amarrée au port de Yokohama avec mes repères et mes habitudes, ce que jamais je n'aurais pu prévoir.
Pour célébrer cet anniversaire un peu fou j'ai choisi de répondre à vos questions le plus honnêtement possible. Je vous remercie pour ces questions dont certaines m'ont donné quelques maux de tête tant j'ai passé des heures à chercher les mots pour y répondre au mieux. J'ai ainsi pris le temps de vous répondre avec soin, trop de temps sans doute, mais je voulais bien faire les choses devant la complexité de certaines questions. Je vous livre donc ces mots qui n'engagent que moi et ne sont que le reflet de mon ressenti et de mon expérience.
Merci à tous pour votre participation ! Je n'espérais pas autant de questions par conséquent j'ai divisé l'article en deux parties, une première partie plus légère et une seconde plus philosophique (c'est évidemment celle-là qui m'a donné des migraines).
Comment gères-tu les grosses araignées et les autres insectes ?
Concernant les grosses araignées, pour le moment je n’ai pas subi de gros traumatisme car je n’ai pas vraiment eu de rencontre fatale ! Et puis le Japon, ce n’est pas l’Australie (je vous invite à regarder sur le net la taille des araignées dans ce pays et pourquoi je n'y mettrai sans doute jamais les pieds). J’ai la chance d’habiter dans un appartement moderne au deuxième étage d’une résidence récente et équipé de moustiquaires (le paradis). Chez moi, je n’ai donc jamais de problème avec les insectes, ce qui me convient parfaitement car je n’ai pas encore trouvé d’insectes avec lesquels avoir une relation amicale…
En revanche, c’est une autre histoire dans l’école où je travaille qui est en fait une grande maison avec jardin. Les araignées sont plutôt du genre petites, noires et à sauter dans tous les sens, ce qui, quand tu soulèves une tasse à café a tendance à te faire sursauter et ruiner ton statut de samouraï. D’autant plus que ces petites bêtes vivent en tribu. Il faut ainsi s'habituer à partir du printemps et durant l’été à les voir un peu partout autour de soi. J’essaie de ne plus trop sauter devant mes élèves et par moment je m'étonne moi-même. Le self control et la dignité.
Le gros problème du Japon se situe plutôt au niveau de ces choses dégoûtantes que l’on nomme ici gokiburi c'est-à-dire les bons gros cafards. Dès qu’un minimum de chaleur se fait sentir, ils se pointent également, et cela dans toutes les pièces de l’école. Ma dernière expérience traumatisante a eu lieu dans les toilettes où j’ai limite ordonné à mon patron (le pauvre et merci) de me débarrasser de l’infâme sans quoi je ne pouvais pas faire pipi… Tu prends une tasse, un sac poubelle, tu ouvres un tiroir ou un placard, tu poses ton délicat fessier sur le trône et là BIM, tu es à la limite de l’arrêt cardiaque. Autant les petites araignées je m’y suis à peu près faite, mais les cafards toujours pas. Cette masse noirâtre qui se cache sous tout et n’importe quoi et file à vitesse grand V, me cause toujours des sueurs froides. Pour moi, les cafards sont l’un des fléaux de ce pays.
Je passe sur les divers insectes volants non identifiés qui me font détester l’été japonais, outre son humidité étouffante, dont les moustiques que je trouve particulièrement agressifs et vicieux ici. Le moustique japonais est coriace. Ken me dit toujours qu’il est tranquille avec moi pour les moustiques car mon sang de française les attire. D’après lui, la raison qui fait de moi une cible favorite de ces affamés est mon sang goût fromage…
Aimes-tu la nourriture japonaise ? Si oui, quoi en particulier ?
Au risque de décevoir de nombreux lecteurs (laissez-moi rêver) : non, et je l’assume, je n’aime pas les sushis ! Je fais l’effort d’en manger quand je suis invitée par politesse mais ma limite est rapidement atteinte (c'est-à-dire deux). Il m’arrive aussi de manger des sashimis de temps en temps mais je n’en raffole pas non plus.
Heureusement pour moi, la cuisine japonaise possède d’autres merveilles culinaires sans lesquelles je ne pourrai plus vivre à présent. Je suis une convertie aux rāmen dont mes deux favoris sont les tonkotsu rāmen et les shio rāmen.




Je sais, vous avez faim!
J’apprécie grandement le tonkatsu et ses dérivés, les tempura et les soba, les gyoza, le goya champuru, le shabu-shabu, les yakitori… Mon top 3 de la cuisine japonaise serait les tonkotsu rāmen, le yakiniku et le sukiyaki (celui de belle-maman est une tuerie).





J’ai découvert sur ton blog que tu étais amatrice de musique japonaise, je le suis également, quelle est, si tu en as une, ta chanson japonaise préférée ?
Je pourrais donner des dizaines et des dizaines de titres japonais qui me font vibrer... Si je dois choisir un seul morceau, je dirai sans aucun doute que la chanson japonaise de ma vie et sur laquelle je donne tout au karaoke est Kurenai de X Japan. La voix de Toshi me prend aux tripes et je serai une adepte de la secte X Japan pour le restant de ma vie. Toshi c'est pour moi The Voice of Japan. Sans parler des compositions de Yoshiki, véritable dieu vivant ici. L’un de mes rêves ultimes serait de les voir en concert. J'en suis au point d'avoir demandé à Ken (pour ne pas dire de l'avoir forcé) d'apprendre ce morceau à la guitare et il me la joue de temps en temps quand il doit se faire pardonner pour quelque chose par exemple… Oui, j’en suis là.
Question classique pour beaucoup d'amoureux du Japon et que l'on ma posée plusieurs fois : quel est mon manga préféré.
Je me contenterai de répondre en photos parce que si je commence à expliquer en détail le pourquoi du comment on est parti pour cinq articles au minimum et deux ans de thérapie. J'ai un problème avec les esprits complexes et torturés...


Monsieur K est-il vraiment conscient de ton excellence ?
(merci marraine!)
Je pense qu’il faudrait lui poser directement la question, je ne veux pas parler en son nom et paraître trop présomptueuse mais bien sûr que OUI, il sait que je suis exceptionnelle ! Après les merdes qu’on a traversées en 2018, je suis encore là et je lui fais des crêpes le dimanche et des gâteaux en semaine et cela même quand je suis très occupée au travail donc j’espère bien qu’il a conscience de ma valeur ! Le couple international est une chose fascinante sur laquelle j’écrirai bien un article prochainement.
À quand Tahiti ?
(Je tiens à préciser que cette question désintéressée est celle de ma sœur qui habite de fait à Tahiti)
Mon compte bancaire actuel, ne me permettra sans doute pas de visiter Tahiti dans les années qui viennent… Du Japon, comme de la France, ça coûte 2 reins et un foie. Quant à l’éventualité d’y vivre un jour, j’habite déjà sur une île, donc il va falloir que tu te montres convaincante, surtout envers ton futur beau-frère (qui n’aime ni le sable, ni la chaleur, ni nager et qui déteste les insectes), pour que nous déménagions en Polynésie. Cela me semble fort compromis… Si Hinatea demande à la limite...
Qu'est ce qui te marque le plus maintenant lorsque tu reviens en France (et auquel tu ne prêtais pas forcément attention avant) ?
Comme la France est belle. On ne s’en rend pas toujours compte car on vit entouré de cette beauté mais la diversité des paysages français est unique et pittoresque et quand je rentre en France pour les vacances je me surprends à contempler longuement les différents paysages. Je suis également beaucoup plus sensible aux odeurs de mon sud natal. La diversité des personnes aussi. Je suis très fière d’être d’un pays où toutes les couleurs de peaux et toutes les origines se côtoient même si tous n'est pas toujours rose, rien n'est acquis et beaucoup reste à faire pour que notre vivre ensemble s'améliore. Notre pays est riche de cela, c’est indéniable. J’ai redécouvert mon pays et ma culture en vivant à l’étranger. Je me sens plus française que jamais depuis que j'habite au Japon.
Dire bonjour à la boulangerie ou dans un supermarché sont aussi des détails qui sont devenus essentiels pour moi et des petits bonheurs simples car bien souvent au Japon le personnel des magasins et des supermarchés est traité comme des robots à votre service donc beaucoup de clients pensent ne pas avoir besoin d’être polis ou de dire bonjour. Quand je rentre au pays, je prends un immense plaisir à rentrer dans un magasin et à dire bonjour haut et fort en souriant. Je le fais au Japon aussi et Ken était étonné de cela au début de notre relation. Il me disait que j’étais “trop polie” et que pas grand monde parlait comme ça au personnel. Je lui ai répondu qu’en face de moi j’avais des humains et pas des robots. Depuis, il me fiche la paix avec ça et quand il est venu en France en décembre dernier il était grandement surpris de voir que dans l'ensemble les gens disaient bonjour en entrant dans un magasin ou bien en passant à la caisse.
Qu'est-ce que monsieur K préfère en France par rapport au Japon ?
Clairement, il est tombé en amour avec nos supermarchés et avec le fait qu'on puisse parler avec de parfaits inconnus dans les lieux publics. La bouffe et le contact humain, ça l'a carrément secoué. Il était blasé les premiers jours de notre retour au Japon quand il devait aller au supermarché. Il me répétait d'un air grave : "je vais au supermarché pas intéressant". Les rayons de yaourts et de gâteaux, ainsi que le large choix de saucissons me l'ont rendu dépressif une fois rentré au Japon.
Il a également passé un long moment à expliquer à son meilleur pote incrédule et sous le choc que les Français se parlaient sans forcément se connaître et d'un naturel surprenant. Lors de notre séjour en France il m'avait interpellée à plusieurs reprises dans les magasins ou au restaurant en me demandant si je connaissais la personne à qui je parlais. Je me souviendrai toute ma vie de son regard éberlué devant ma réponse négative.
Penses-tu revenir en France ?
Oui, sans aucun doute et pour diverses raisons. Parmi ces raisons, même si je ne veux pas et ne peux pas encore répondre parfaitement à cette question, ma famille et mes amis. Ceux-ci me manquent énormément. Je l’ai déjà dit, je vis en clan et seul ce clan m’apporte le bonheur et l’amour nécessaire à ma survie sur cette planète. Je ne pourrai donc pas rester éternellement loin de ma meute. Pour le moment, ma tribu étant un peu dispersée à travers le monde je reste au Japon. Mais je sais qu’un jour l’appel du sang et de la Mère Patrie se fera entendre.
Autre raison, je ne tiens pas à élever mes enfants au Japon. Je ne suis pas vraiment fan du système scolaire japonais ni du fait de payer des sommes astronomiques et non justifiées pour être lobotomisé. De plus, Ken a une différence que je pense nous vivrons mieux en France qu’au Japon. Le Japon a beaucoup de mal avec la différence… Cependant, un retour en France avec un compagnon japonais se prépare avec soin et donc je ne rentrerai pas tout de suite.
Enfin, je ne pense pas pouvoir enseigner toute ma vie le français, je pense que professionnellement je vais avoir envie d'autre chose à un moment, même si pour l'instant je suis épanouie dans mon travail qui m'apporte beaucoup et dans lequel je m'investis grandement.
Voilà pour la première partie de cet article bilan-anniversaire un peu spécial. J'espère que vous avez pris autant de plaisir à me lire que moi à rédiger les réponses à vos questions. Les sujets abordés dans la seconde partie seront un plus sérieux et y répondre s'est parfois avéré un véritable casse-tête!
Encore une fois, merci à tous pour vos messages et vos questions!
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