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3 ans de vie nippone... et l'aventure continue

  • Lucie
  • 19 mars 2018
  • 6 min de lecture

3 ans. 3 ans que je suis descendue du vol Paris-Tokyo qui m’emmenait vers ma nouvelle vie et mon nouveau chez moi. Chez moi. Oui j’ai à présent deux "chez moi" dans ma tête et surtout dans mon cœur. Ces trois dernières années je ne les ai pas vues passer : mes écoles, mon travail, mes déménagements, mes nouvelles rencontres, mes manques, ma coloc, mes voyages, mes défis, mes succès, mes échecs, mon amoureux…

En ce début d'année 2018, un chapitre de mon livre nippon se tourne : prolongation de mon visa et des tas de changements dans ma vie professionnelle comme dans ma vie personnelle.


Côté travail, je n'enseigne plus que dans une seule école (que j’adore et où je me sens à ma place et bien entourée). J’ai réorganisé ma vie professionnelle et saisi l’opportunité que me proposaient mes patrons de mon école principale ensoleillée. J'ai réellement l'impression d’appartenir à un clan, sentiment qui est cher et nécessaire à mes yeux. Des collègues et des patrons en or même si tout n'est pas parfait (on a chacun nos petits caractères et puis le Sud...). Des personnes sur qui je peux compter si j'ai un coup de blues, un rhume ou si je dois déménager. Un soutien précieux et une deuxième famille quand on ne vit pas dans son "environnement naturel". Un grand, très grand merci à cette belle équipe.

Depuis juin de l'année dernière cette petite famille s'est agrandie avec la venue d'une nouvelle collègue de travail qui est aujourd'hui bien plus à mes yeux. Une des choses qui me manquait le plus ici : une personne avec qui je pouvais parler de tout, débattre de tout et qui n'hésitait pas à aller boire une bière après le travail. Cette personne est finalement arrivée dans ma vie nippone. Je tiens à la remercier pour son soutien sans faille suite à ce mois de février un peu compliqué et chargé d'émotions. Je souhaite une longue route à notre collaboration professionnelle, à nos conversations plus intimes, à nos débats, à nos échanges et à nos apéritifs.


J’ai donc quitté mes deux autres écoles de Tokyo pour « n’appartenir » désormais qu’à la région de Kanagawa puisque j'habite à Yokohama et que je travaille à Fujisawa. Tokyo et moi, « c’est fini ». Non pas que je n'aime pas la capitale, mais je n'ai pas réussi à y trouver ma place (ou je n'ai peut-être pas vraiment cherché à la trouver non plus).


Laisser mon école du lundi a été un vrai déchirement. Cela faisait plus de 2 ans que mon adorable patronne et mes supers étudiantes me faisaient confiance et que l’on avançait dans l’apprentissage du français dans la bonne humeur et les éclats de rire. De temps en temps nous poursuivions la classe au bar… J’avais et j’ai toujours une affection particulière pour ce groupe de femmes et j’espère de tout cœur préserver cette belle relation que nous avons construite, même si je ne suis plus leur professeur.

Après notre dernière classe, un peu écourtée et pour ma part gorge serrée, nous sommes allées fêter mon départ et notre belle rencontre dans un restaurant de yakitori (ces petites brochettes de bonheur en bouche). Un délice et beaucoup d’émotions. Ma classe de cœur, sans hésitation. Ce n’est pas un adieu, j’ai bien l’intention de garder contact et nous avons déjà parlé d’un futur restaurant avec la présentation officielle de Monsieur K quand j’aurais fini de réorganiser ma vie. Je ne remercierai jamais assez ma patronne du lundi, pour laquelle je n'ai que tendresse et compliments. Une grande Dame, avec un grand cœur.


Côté coloc, changement de taille puisque je me sépare de mon sourire de Lorraine pour vivre en « totale immersion » avec Monsieur K. Entre la fille de l’Est et la fille du Sud le duo a plutôt bien fonctionné malgré nos différences de caractère. Peu de tensions même si nous n’étions pas toujours d’accord et que nos choix de vie pouvaient s’opposer mais beaucoup d’affection, de rire et de partage. Je ne retiendrai donc de ces deux ans de colocation à l’autre bout du monde que le positif et laisse les petits accrochages au placard : le tissage de notre amitié, la solidarité, l’effort de compréhension de l’autre, nos fous rires, nos soirées « Vikings », son tiramisu aux spéculoos, ses bouquets de fleurs surprises, notre inoubliable voyage à Hong Kong, nos deux âmes de battantes…

Un grand merci et beaucoup de tendresse à ma chère partenaire de ces deux dernières années à qui je ne souhaite que du bonheur.


Très attachée à Yokohama, je ne pouvais que convaincre mon amoureux nippon d’y vivre avec moi. Je quitte donc Hiyoshi, pour me rapprocher de la gare centrale de Yokohama puisque mon nouvel appartement se trouve à une station de celle-ci dans le quartier de Tammachi.




















Nouveau quartier, nouvel appart et nouvelle aventure : habiter avec mon amoureux qui ne parle pas la même langue et n’a pas la même culture que moi. En bientôt deux ans de relation, je pense que nous nous sommes apprivoisés l’un l’autre et que nous sommes prêts à franchir le pas d’un petit nid douillé d’amour international. Même si des difficultés de communication et de compréhension persistent (mon anglais à fort accent français et mon faible niveau de japonais), dans l’ensemble je suis sereine concernant cette nouvelle expérience. Je suis prête à relever ce nouveau défi. Seul l’avenir nous dira si nos choix étaient les bons ou non, mais dans tous les cas je suis optimiste face à cette étape importante de ma vie, et reconnaissante pour cette relation à la fois si simple et si compliquée, mais si enrichissante, unique, différente et qui me fait grandir et devenir une meilleure personne au quotidien. Cela doit faire un peu cliché mais l'amour n'a ni de frontière ni de langue.

J'ai toujours à mes côtés mon rayon de soleil nippon. Ma bouffée d'air pur, de jeunesse et de connerie. Que de regrets de ne pas la voir aussi souvent que je le voudrais. C'est l'une des plus belles et passionnantes rencontres de ma vie. La beauté de l'âme, le charme, la détermination, la gentillesse, l'humour et le don de soi, rares sont les personnes qui possèdent autant de qualités. Je ne la remercierai jamais assez pour ce doux sentiment d'avoir une petite sœur que je ressens en sa présence.

Ma vie au Japon n'est cependant pas idyllique même si je n'ai jamais été aussi épanouie, apaisée et que j'ai la sensation d'être là où je dois être aujourd'hui. J'ai encore beaucoup de travail à accomplir et de routes à emprunter quand bien même j'ai enfin trouvé un sens à ma vie.

Ce choix du Japon a de fortes conséquences sur mon moral les jours où ma famille et mes amis en France me manquent grandement. Il m'arrive de me demander qu'est-ce que je fous à des milliers de kilomètres d'eux et pourquoi j'ai eu le besoin de me compliquer la vie dans un monde, une culture, une langue qui ne sont pas les miens et que j'ai parfois du mal à comprendre. Des jours comme ça, il y en a, plus que je ne l'imaginais avant de quitter la France. J'assume totalement ma décision et je n'ai aucun regret quant à mon choix d'"exil" mais les jours où ces sentiments de manque remontent à la surface ce n'est pas toujours évident. J'accuse le coup à chaque fois que je loupe un mariage, une naissance, un enterrement, un anniversaire, une soirée entre potes, un repas de famille...

2018 verra par exemple la naissance de ma troisième nièce et le mariage de l'un de mes êtres d'exception, ma comparse des vrais moments et des vraies discussions.

Penser à tous ces événements où je ne suis pas là, m'est toujours douloureux accompagné d'une sensation de petits couteaux plantés dans le dos des gens que j'aime et que je peux blesser par mes absences. Ce sentiment de culpabilité tout comme celui de manque sont les coups les plus durs à encaisser.


Autre manque plus léger mais qui a son importance : la cuisine française! Mon dieu si on est à l'Unesco je réalise au quotidien pourquoi! Chers amis Gaulois vous n'imaginez pas la chance que vous avez... J'ai presque peur d'oublier un jour le goût du magret ou du saucisson au poivre. La dernière fois que je suis rentrée en France c'était en décembre 2016. Je ne reverrai pas la Mère-Patrie avant décembre 2018. La perspective de tous ces longs mois sans la cuisine de maman et Carrefour me donne des maux d'estomac. Je souffre.

J'ai la chance de pouvoir parler français quasiment tous les jours donc de ce côté-là, pas de manque. Mais je n'ai jamais autant regardé d'émissions de télé ou de films français ou bien écouté de chansons françaises de ma vie. On peut clairement parler d'un besoin viscéral de rester connectée au Pays. Je m'inflige même la torture de regarder "Un dîner presque parfait". C'est mon côté maso (manger!).


Bref, ce petit article bilan s'achève sur cette conclusion: gens de France, je vous aime et je pense à vous tous les jours (oui oui, TOUS les jours); mes nouveaux gens du Japon, je vous aime aussi et merci pour votre précieux soutien. Quelques mots résumant mon passage au Pays du Soleil Levant : la plus enrichissante expérience de ma vie jusqu’à présent, aucun regret, des doutes mais de la détermination, du bonheur mais aussi de la fatigue et quelques peines, de l'apaisement, la sensation de mieux me connaître et encore d’innombrables découvertes à faire.

Mon livre japonais est loin d'être fini.




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